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Qui a dit que Culture et Sexe n'était pas compatible ?
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Dire ou se taire ? partie 2
Publié :21/12/2019 2h16
Dernière mise à jour :22/9/2020 11h19
17266 vues

C'est peut-être pour cela que beaucoup s'oriente vers d'autres horizons. Dont moi.
L'homosexualité (ici, comme pratique et moins comme orientation, et qui inclut aussi la bisexualité), est encore aujourd'hui, un tabou dans nos sociétés. L'existence des sites de rencontre de ce genre permet de se garantir un relatif anonymat. On ne se connaît pas, la probabilité d'une rencontre IRL (In Real Life pour les non-initiés) fortuite dans la vie "normale". est faible.

J'ai mis du temps à dire oui à un homme. Question d'âge, question (très injuste) de physique, question de "feeling", question d'audace aussi. Car oui, quand on est engoncé dans la crainte d'être reconnu, de tomber sur quelqu'un qu'on connaît, ça joue fortement.

Après divers échecs (tant par renoncement de ma part que de plantage), je décidai de passer le pas.
Ce fut quelqu'un d'un peu plus âgé que moi, en-dessous de la trentaine à l'époque. Je ne me souviens plus de son nom, alors appelons-le Adrien. On s'était chauffé par messagerie instantanée, et le courant était bien passé. Très bien même. Nous échangeâmes nos n°s, il m'appela, et nous convînmes de passer du temps ensemble. Il était du côté de Saint-Michel, quartier que je connaissais bien… et donc un risque de croiser des connaissances. Pourtant, je pris mon courage à deux mains et pris le métro.

J’avoue que j’oscillais entre excitation et crainte, quelque chose d’assez irrationnel au final. Je n’avais jamais touché un homme, et je m’apprêtais à le faire.

Il vint me chercher devant le métro. Il y avait du monde, l’automne était doux.

Il me fit entrer chez lui. Je n’osai lui dire que c’était, on peu le dire, ma première fois. Je ne lui ai d’ailleurs pas dit après.
Son studio était bien agencé, dans la longueur. Il avait mis une lumière tamisée, rosée… bon dit comme ça, ça fait cucul, mais c’était assez intime. Il était souriant, sans doute aussi très excité. J’essayai de garder une certaine maîtrise de moi-même. Je lui demandais à boire, ma gorge était sèche. Il me tendit un verre d’eau, je le remerciai. Nous échangeâmes quelques banalités, puis nous fîmes silence, en nous regardant.

Ça a dû durer très peu de temps. C’est moi qui brisa le silence : « ferme les yeux ». Et de manière rapide, je me déshabillai d’une traite, me retrouvant nu et le sexe tendu devant lui. « ouvre tes yeux ». Je crois qu’il fut tout autant surpris que moi de ce que j’avais choisi de faire, éclatant de rire. « ha ben on n’est pas au même point, là » dit-il en souriant, puis il m’embrassa.

C’est étrange d’embrasser un homme, ce n’est pas la même sensation qu’une femme. Je me demande ce que dirait l’une d’entre-elle en lisant ces lignes.

Je le déshabillai, tandis qu’il me menait vers son canapé. Nous étions nus tout les deux, nous caressant, nous embrassant, bandant.

C’est idiot à dire tout ça, vous vous en doutez. Peut-être que le sceau de la confession m’y pousse.

Je pourrais continuer par le menu que que nous fîmes. En réalité, nous ne fîmes que nous sucer et masturber.

En fait, j’ai découvert deux sources de plaisir : la fellation à l’autre, et l’anulingus. Pour le premier, j’ai été surpris de la texture du gland, un peu comme un gros champignon. j’avoue que la comparaison est peu… spéciale. Mais c’est quelque chose de très excitant, et
Quant à l’anulingus, j’ai été surpris par le plaisir qu’il procure réellement. Même s’il faut passer outre une barrière, celle de l’a priori hygiénique. Et si celle-ci est rapidement tombée, elle est également revenue après coup.

Malheureusement, la sodomie ne fut pas au rendez-vous. D’une part, je ne suis pas parvenu à pénétrer mon partenaire. Sans doute l’avais-je mal préparer, tandis que la peur de mal faire me coupa l’excitation. Bien qu’il fut patient et me refaisait bander par une fellation, je renonçai.
D’autre part, après cet échec, Adrien éjacula alors que je le masturbai. Peut-être la déception de n’avoir pu le pénétrer m’avait fait redoubler d’ardeur.

Cependant, je pris du plaisir tout du long. Je jouis également quelques minutes plus tard, excité par mon amant d’un soir et me masturbant.

J’aurais pu accepter un « second round ». Je l’ai quelque peu regretté dès de retour chez moi. Mais après quelques échanges, je décidai de partir. Bien qu’il reprit contact avec moi, je ne le revis pas. Décision idiote, peur d’un attachement, ou d’autre chose.

Puis le temps passa. Quelques contacts, sans plus. Puis il y eu le deuxième homme, Bruno (ce n’est pas son nom, mais c’est plus simple). Bruno est un quinquagénaire, bel homme, corps sec. Il s’adresse par messagerie. Il est doux, simple, gentil. Aucune grossièreté, bref, ça matche. On s’entend pour se voir, un dimanche après-midi. Il habite du côté d’Arts-et-Métiers.

Là aussi, j’ai une boule au ventre. C’est idiot, ce mélange d’excitation et d’anxiété.

J’arrive chez Bruno. Il est en peignoir, accueillant. Il parle doucement, il est doux dans sa manière d’être. C’est rassurant, il me met à l’aise. « Tu peux te déshabiller si tu veux ». Je reste en boxer, cachant mal mon excitation. « tu veux boire quelque chose ? » J’acquiesse. Il me sert une bière, nous discutons de tout, de nous, de rien. Nous fumons un peu. Puis de sexe, de nos vies, tout ça. Puis il me propose de s’allonger sur le lit. J’enlève le dernier carré de tissu que j’ai sur moi, et il ôte son peignoir. Il est beau, le corps sec. Il m’embrasse, m’étreint, je me laisse totalement aller.

Est-ce utile de vous dire ce que nous avons fait ? Un homme mature apprend à un jeune à faire l’amour avec un homme. Voilà. J’ai pris du plaisir. Puis il m’a demandé si je voulais qu’il me sodomise. J’ai dit oui. Il m’a mis en position, préparé l’anus avec un gode, dans une infinie douceur (oui, je répète beaucoup ce mot, mais c’est ce qui le caractérise, c’est son être). Puis me pénétra.

J’avais déjà insérer des godes dans mon cul, je savais donc que cela pouvait être agréable… ou douloureux. Mais un sexe, c’est autre chose, plus chaud, plus vivant.

Et je vous rassure tout de suite : il avait une capote

Je pris donc du plaisir, même si, à ma grande surprise, je ne bandais pas. J’appris plus tard que c’était quelque chose de normal, et même assez courant.

Une chose amusante fut… que j’eu très envie de pisser au bout de quelques minutes. Il faut dire que la vessie n’est pas loin, et que la bière n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus recommandé en la matière. Je fus également surpris de sentir mon colon chauffer autant. Nous fîmes donc une pause. Après m’être soulagé, le le trouvai devant sa fenêtre de cuisine à fumer, peignoir sur les épaules. Je repris une cigarette, nous rediscutâmes un peu. Puis, je pris l’initiative. Tirant une dernière bouffée, je m’agenouillai vers son sexe pour y souffler la fumée, avant d’y faire entrer son phallus au repos… qui grossit dans ma bouche.
Nous finîmes par nous masturber mutuellement, et, encore une surprise, nous éjaculâmes ensemble. Je crois que ce fut la plus explosive et la plus forte des éjaculations que j’ai pu avoir, un formidable orgasme. Et surtout, c’est encore à ce jour la seule personne qui réussit à me faire jouir ainsi, hommes et femmes confondus.

Puis nous discutâmes. Puis je partis. Et quelques temps plus tard, nous nous revîmes. Ce fut peut-être moins intense que la première fois, mais tendre tout de même. Et ce fut tout.

Par la suite, je rencontrai deux autres hommes, mais le feeling des premiers échanges céda le pas à une relative déception. Le premier (ne le nommons pas) était centré sur sa propre jouissance. Citôt son éjaculation atteinte (qu’il eut en rejetant ma main qui le branlait), il me délaissait à mon sort.
Le second, m’avait « trompé sur la marchandise ». Une fausse photo, une personne peu avenante. Certes, il me sodomisa, mais je n’étais pas attiré et ne prit guère de plaisir. Là aussi, pas d’attention pour le partenaire, ce qui fait qu’au moment où il allait jouir, il se retira de moi en laissant tomber son sperme sur mon sexe… ce qui devait être excitant ne le fut pas du tout.
1 commentaire
Dire ou se taire ? partie 1
Publié :13/12/2019 8h01
Dernière mise à jour :22/9/2020 11h17
25263 vues

Faut-il raconter ses expériences sexuelles sur Internet ?
Je me pose parfois la question. quel intérêt à raconter ce qui nous est arrivé ? Se rassurer ? émoustiller le lecteur ? Parce que cela relève de l'intime, et qu'on en parle pas ouvertement dans "la vie de tous les jours" ? Est-ce pour susciter la compassion, ou cela peut-il provoquer de la pitié ? Parler de ses réussites ? ou mettre en lumière également ses échecs.

Sûrement un peu de tout cela. Bien sûr, exposent, à la fois comme trophée et comme moyen d'émoustiller, leurs multiples rencontres.
Qu'en est-il de moi ?
Eh bien... pas grand chose.

Je suis arrivé en 2011 sur passion, à la suite à une déception amoureuse. J'imagine sans mal que c'est le cas de beaucoup de monde. Je suis loin d'être un libertin, non que l'idée me déplaise, mais que je ne connais pas les codes et n'ai jamais baigné dans ce milieu.

Je voulais me donner la possibilté de rencontrer d'autres personnes : femmes, mais également hommes, ou transexuel.le (ou Queer). Une sorte de perdition volontaire pour mieux se retrouver.
Bon. Comme beaucoup, le premier constat est un déséquilibre flagrant entre les sexes : 1 femme pour 10 hommes inscrits. L'embarras du choix pour les premières, une compétition ardue pour les seconds. La loi de l'offre et de la demande dans toute sa splendeur. Je n'y ai pas échappé.

La seule "relation" que j'ai eu avec une femme fut par tchat... et téléphone ! ce fut assez surréaliste, mais l'excitation était bien là. Je me souviens quand elle m'avait demandé mon numéro, je le lui avais donné sans hésiter. Elle m'appela. Je décrochai. Quelle voix ! quelle belle voix. J'étais sous le charme... charme qui fut brisé par une "plus de batterie" de son côté.
Et ce fut tout.
Ce fut ma seule rencontre avec une femme sur ce site.
[fin de la 1re partie]
3 commentaires
Pro Pilii !
Publié :26/12/2015 1h09
Dernière mise à jour :26/12/2015 9h08
18587 vues

Par Sandra Lorenzo (Hunfington Post), 08 août 2012.
,
C'est l'été et la pression de l'épilation parfaite est encore plus forte qu'en temps ordinaire. Rassurez-vous, si par manque de temps ou d'envie, vous avez zappé la case bandes de cire, vous venez peut-être d'échapper à un staphylocoque doré. Un docteur américain a en effet appelé à la fin de la guerre aux poils pubiens. "Certaines théories sociologiques, explique Emily Gibson, directrice du centre de rencherche sur la santé à la Western University dans l’Etat de Washington, suggèrent que cette tendance a à voir avec la mode des bikinis et des strings, des acteurs et actrices sans poils, un désir de revenir à l'enfance, un tentative hygiéniste ratée, ou une volonté de devenir plus attractive pour son partenaire." Autant de raisons qui ne tiennent pas quand on connait les dangers que représente l'épilation pubienne.

"Si les poils pubiens sont là, c'est pour une bonne raison".
Car, explique la spécialiste, si "les poils pubiens sont là, c'est pour une bonne raison. Ils protègent contre le frottement qui peut causer écorchures et blessures, ils sont un rempart naturel contre les bactéries.[...] Le temps, l'énergie, l'argent et l'émotion provoqué chez les deux sexes pour supprimer les poils de leurs parties génitales est astronomique." Selon le journal The Independent, le marché de l'épilation a en effet généré 2,1 milliards de dollars au États-Unis en 2011.
"L'épilation pubienne irrite et provoque des inflammations des follicules pileux (développement anatomique en forme de sac dans lequel pousse un poil) laissant de microscopiques blessures ouvertes. Quand cela est combiné à un environnement moite tel que celui des parties génitales, vous voilà en face d'un terrain parfait pour les plus méchantes bactéries", souligne Emily Gibson.

Staphylocoque doré et autres réjouissances.
Et le médecin ne plaisante pas, les méchantes bactéries dont elle parle ne sont autres que le staphylocoque doré ou le streptocoque B, autant de joyeusetés qui peuvent être combinées à des herpès et d'autres maladies sexuellement transmissibles dont la contamination est facilitée par les micro-blessures. Attention messieurs, les hommes ne sont évidemment pas à l'abri. Cosmopolitan US titrait récemment "ce que son épilation révèle de sa personnalité."
En France, le débat n'est pas nouveau. En janvier 2010, le magazine Elle faisait scandale à cause de son sujet à destination des "foufounista": "Le pubis, c’est le lieu le plus intime de notre corps. Et, pourtant, il n’échappe pas à la tendance. Soins, épilations, secrets de pros… On vous dit tout pour devenir une vraie foufounista!" Laure Watrin, journaliste à Slate s'offusquait alors de cette esthétique du "porno soft", de cette dictature de la pilosité très maîtrisée : "Lissons, aseptisons, uniformisons! Après les jambes, les aisselles, les sourcils, c'est donc au tour de notre pubis de se mettre au service des 'control freaks'."

La Défense du poil.
En octobre 2010, Stéphane Rose, un "mec qui aime les poils pubiens" comme il se définit lui-même, publiait un essai Pour la Défense du poil: contre la dictature de l'épilation intime. Dans une interview au blog sexe Rue 69, il comprenait dans cette tyrannie de l'épilation un combat plus vaste contre "les rides, le gras et tout ce qui égratigne l'idéal juvénile associé au corps désirable."
Plus récemment en 2011, la marque Veet, spécialisée en produits pour l'épilation, lançait la campagne "Mon minou tout doux" pour vanter l'épilation intégrale. Après avoir choqué de nombreux internautes à cause du site lancé au même moment à destination des jeunes femmes, la marque a fait marche arrière. Renée Greusard, journaliste à Rue89 revient sur la polémique et raconte ce site rose bonbon à destination des : "il y avait un jeu qui consistait à épiler « le minou ». Le but ? Enlever tous les poils de la bestiole puisque selon la chanson ,« un minou qui pique partout, ça fait bien trop voyou ».« Le minou (de Veet) aime être plus épilé » Venait ensuite le test final du matou. Un chat moche à l’air grave inspectait la chatte. Et si « le minou » était mal épilé, la sentence tombait : « Tu as choisi le bon produit, mais le minou aime être plus épilé. Repasse le test du matou. » Boum ! Du féminisme pur jus."
Moralité, la prochaine fois oubliez le bon vieil adage "il faut souffrir pour être belle/beau" et pensez à votre santé, vos poils pubiens vous diront merci.
2 commentaires
Choke, de Chuck Palahniuk, Paris, Denoël (trad.), 2002
Publié :7/8/2015 12h23
Dernière mise à jour :26/12/2015 1h10
19429 vues
Une scène de "programmé", entre deux sexooliques, totalement absurde ! Pas entièrement retranscrite – très long et surtout pour limiter les risques avec les droits d’auteurs -, histoire que vous alliez voir vous-même le dénouement. J’ai volontairement mis entre crochet le verbe" forcer" à la place d’un autre que passion m’empêche d’utiliser…

Ce soir, les choses sont censées se passer comme ça : je me cache dans le placard de la chambre à coucher pendant que la prend une douche. Ensuite, elle sort toute brillante de sueur, l’air chargé de vapeur d’eau et d’un brouillard de laque et de parfum, elle sort nue hormis un peignoir de bain à trou-trous comme une dentelle. C’est alors que je jaillis, la tête couverte d’un quelconque collant étiré sur le visage et des lunettes de soleil sur le nez. Je la balance sur le lit. Je lui colle un couteau contre la gorge. Et puis je la [force].

Aussi simple que ça. La spirale de la honte continue.

Simplement, continuez à vous posez la question : Qu’est-ce que Jésus n’irait PAS faire ?
Seulement, voilà, je n’ai pas le droit de la [forcer] sur le lit, dit-elle, le couvre-lit est en soie rose pâle et les taches se verront. Et pas non plus par terre parce que la moquette lui irrite la peau. Nous nous sommes mis d’accord pour par terre, mais sur une serviette. Pas non plus une belle serviette pour invités, a-t-elle déclaré. Elle m’a dit qu’elle laisserait sur la commode une serviette bien râpée qu’il faudrait que j’étale par terre à l’avance pour ne pas briser l’atmosphère de l’instant.

Elle laisserait la fenêtre de la chambre déverrouillée avant d’entrer dans la douche.

Ainsi donc je me cache à l’intérieur du placard, nu, avec tous ses vêtements de retour du pressing qui me collent à la peau, le collant sur la tête, les lunettes sur le nez, armé du couteau le plus émoussé que j’ai pu trouver, et j’attends. La serviette est étalée par terre. Le collant me tient tellement chaud que mon visage dégouline de sueur. Les cheveux plaqués sur mon crâne commencent à le démanger.

Pas non plus près de la fenêtre a-t-elle dit. Et pas non plus près de la cheminée. Elle a dit de la [forcer] près de l’armoire, mais pas trop trop près. Elle a dit d’essayer d’étaler la serviette dans une zone à grande circulation où la moquette ne laisserait pas voir de trace d’usure aussi aisément. […]

Et donc arrive lundi. Le chatterton est prêt. La serviette est étalée, et quand je bondis sur elle avec mon couteau à la main, elle dit : « C’est mes collants que vous portez, là ? »

Je lui tords le bras derrière le dos et je place la lame rafraîchie contre sa gorge.
« Pour l’amour sur ciel dit-elle. Vous dépassez les limites, et de très loin. J’ai dit que vous pouviez me [forcer]. Je n’ai pas dit que vous pouviez bousiller mes collants ».
De ma main couteau, j’agrippe son peignoir de bain à trou-trous par le rebord et j’essaie de le faire glisser sur son épaule.

« Arrêtez, arrêtez, arrêtez, dit-elle en me chassant la main d’une tape. Là, laissez-moi faire. Tout ce que vous allez réussir à gagner, c’est le bousiller ».

Elle se tortille pour se libérer de ma prise.

Je demande si je peux enlever les lunettes de soleil.

« Non », dit-elle, et elle se dégage de son peignoir.

Ensuite, elle va au placard ouvert et accroche le peignoir à un cintre capitonné.

Mais c’est à peine si je vois quelque chose.

« Ne soyez pas aussi égoïste », dit-elle. Maintenant nue elle me prend la main et la presse autour d’un de ses poignets. Puis elle glisse le bras dans le dos, en pivotant pour coller son dos nu à la personne. Ma queue relève le nez, de plus en plus haut, et la fente chaude de son cul lisse se glue à moi, et elle dit : « J’ai besoin que vous soyez un sans visage ».[…]

Elle tord le cou et détourne le visage en gémissant « Puis-je vous dire une seule petite chose ?

Je dis : quoi ?

Et elle dit « Vous avez vraiment mauvaise haleine ». […]

Ce lundi soir-là dans sa chambre, pressée au creux de moi, nue, elle dit : « Je veux que nous me frappiez ». elle dit : « Mais pas trop fort et pas trop doucement. Frappez-moi juste assez fort pour que je jouisse ».

Une de mes mains lui tient le bras derrière le dos. Elle tortille son popotin contre moi, et elle a un petit corps bronzé à vous laisser sur le cul sauf que son visage est top pâle et tout cireux à cause d’un excès de crème hydratante. Dans le miroir de la porte du placard, je vois son côté face avec mon visage qui reluque par dessus son épaule. Ses cheveux et sa sueur se rassemblent en petites flaque dans le creux où ma poitrine et son dos se pressent l’une contre l’autre. Sa peau a l’odeur de plastique chaud d’un lit à UV. Mon autre main tient le couteau, et donc je demande : est-ce qu’elle veut que je la frappe avec le couteau ?

« Non, dit-elle. Ça, ce serait du poignardage. Frapper quelqu’un avec un couteau, c’est du poignardage ».

Elle dit : « Posez le couteau et servez vous de votre main, ouverte ».

Et donc je m’apprête à balancer le couteau.

Et Gwen dit : « Pas sur le lit ».

Aussi je balance le couteau sur la commode, et je lève la main pour frapper. Vu ma position, derrière elle, ce n’est vraiment pas commode.

Et elle dit : « Pas sur le visage ».

Et donc je baisse un peu la main.

Et elle dit : « Et ne frappez pas mes seins, sinon vous allez me donner des grosseurs ».
Voir aussi Mastite à kyste.

Elle dit : « Et si vous vous contentiez de me frapper sur le cul ? »

Et je lui dis : et si elle se contentait de la fermer tout simplement pour me laisser la [forcer] à ma manière ?

Et Gwen dit : « Si c’est comme ça que vous le sentez, autant que vous retourniez à la maison tout de suite en emportant votre petit pénis ».

Dans la mesure où elle vient tout juste de sortir de la douche, sa toison est douce et gonflée, et pas complètement raplatie comme quand on enlève les dessous d’une femme la première fois. Ma main libre se faufile en douceur et la contourne jusqu’entre ses jambes, et elle touche du faux, caoutchouteux et plastique. Trop lisse. Un peu graisseux.

Je dis : « Qu’est-ce qu’il a, votre vagin ? »

Gwen baisse les yeux sur sa propre personne et di : « Quoi ? » Elle dit « Oh, ça. C’est un Fémidom. Un condom féminin. C’est les rebords qui ressortent comme ça. Je n’ai pas envie que vous me refiliez des maladies ».

Est-ce que c’est juste moi qui suis comme ça, je dis, mais je pensais que [forcer] était censé être quelque chose de plus spontané, vous voyez, quelque chose comme un crime de passion.

« Ce qui montre bien que vous connaissez que dalle sur la manière de [forcer] quelqu’un, dit-elle. Un bon [forceur] va planifier son crime méticuleusement. Il ritualise jusqu'au petit détail. Cela devrait pratiquement ressembler à une cérémonie religieuse ».

Ce qui se passe ici, dit Gwen, est sacré. […]

Sans ses vêtements, elle a l’air un peu osseuse. Sa peau est chaude et moite, on croirait presque que va en jaillir de l’eau tiède et savonneuse si on presse un peu. Ses jambes sont tellement minces qu’elles ne se touchent pas avant d’arriver au cul. Ses petits seins plats semblent s’accrocher à sa cage thoracique. Son bras toujours derrière le dos, en nous observant tous les deux dans le miroir de la porte de placard, elle présente le long col et les épaules arrondîtes et tombantes d’une bouteille de vin.

« Arrêtez, s’il vous plaît, dit-elle. Vous me faites mal. S’il vous plaît, je vous donnerai de l’argent ».

Je demande : combien ?

« Cessez s’il vous plaît, dit-elle. Sinon, je hurle ».
Et donc le lâche son bras et je me recule : « Ne hurlez pas, je dis. Simplement, ne hurlez pas ».

«Gwen soupire, se dégage et me colle un coup de point dans la poitrine.

« Espèce d’idiot ! dit-elle. Je n’ai pas dit "caniche" ».

C’est l’équivalent sexuel de Jacadi.

Elle se re-tortille pour reprendre sa pose de prisonnière. Puis elle nous fait avancer jusqu’à la serviette et dit : « Attendez ».

Elle va à la commode et en revient avec un vibromasseur en plastique rose.

« Hé, je lui dis, vous n’allez pas vous servir de ça sur moi ».

Gwen hausse les épaules et dit : « Bien sûr que non. C’est le mien ».

Et je dis : « Et moi, alors ? »

Et elle dit : « Désolée, la prochaine fois, apportez votre propre vibromasseur ».

Et je demande : « Mais, et mon pénis, alors ? »

Et elle dit : « Quoi, votre pénis ? »

Et je demande : « Comment trouve-t-il sa place dans tout ça ? »

En s’installant sur la serviette, Gwen secoue la tête et dit : « Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi est-ce que je tombe toujours sur le mec qui veut se montrer gentil et conventionnel ? Le prochain truc que vous allez me demander, ce sera de m’épouser ». Elle dit : « Rien qu’une fois, une toute petite fois, j’aimerais bien avoir une relation agressive violente. Une fois ! »

Elle dit : « Vous pouvez vous masturber pendant que vous me [forcerez]. Mais uniquement sur la serviette et uniquement si vous n’en dégorgez pas une goutte sur moi ».

Elle étale bien la serviette tout autour de son cul et tapote un petit carré de tissu éponge tout à côté d’elle. « Quand ce sera le moment, vous pourrez déposer votre orgasme ici ».

Et sa main y va, tapotis, tapota, et puis voilà.

Euh, Okay, dis-je, et maintenant quoi ?

Gwen soupire et me colle son vibromasseur à la figure. « Servez-vous de moi, dit-elle. Dégradez-moi, espèce d’idiot ! Avilissez-moi, espèce de branlotin ! humiliez-moi ! »
L’emplacement de l’interrupteur n’est pas très évident, elle est donc obligée de e montrer comment on le met en marche. Et alors l’animal se met à vibrer si fort que je le laisse tomber. Et il se met à bondir par terre dans tous les sens, et je suis obligé de courir après pour le rattraper, ce foutu truc.

Gwen remonte ses jambes repliées et les laisse retomber de chaque côté à la manière dont un libre s’ouvre en tombant, et moi, je m’agenouille au bord de la serviette et j’engage e bout vibrant juste au bord de ses revers en plastique souple. Je me travaille la queue de mon autre main. Ses mollets sont rasés et s’affinent jusqu’à deux pieds incurvés aux ongles vernis de bleu. Elle s’est allongée, les yeux clos et les jambes écartées. Tenant les mains croisées et et étirées au-dessus de la tête de sorte que ses seins se redressent en deux petites et parfaites poignées, elle dit : Non, Dennis, non. Non. Ne fais pas ça. Je ne peux pas être à toi. »

Et je dis : « Je m’appelle Victor ».

Et elle, elle me dit de la fermer et de la laisser se concentrer.

Et moi, j’essaie de nous offrir à tous les deux une tranche de bon temps, mais ce que je suis en train de faire, c’est l’équivalent sexe de se tapoter l’estomac en se frottant la tête en même temps. Soit je suis concentré sur elle, soit je sis concentré sur moi. D’une façon comme de l’autre, c’est la même chose qu’une mauvaise séance de baise à trois. Il y en a toujours un qui reste sur le côté. Sans compter que le vibromasseur est glissant et difficile à maintenir en bonne place. Il commence à chauffer et dégage une odeur âcre et enfumée comme si quelque chose brûlait à l’intérieur.

Gwen entrouvre un œil, rien qu’un chouïa, elle plusse les paupières sur moi en train de me fouetter la queue et dit : « Moi d’abord ! ».

Je bataille avec ma queue. Je récure le conduit de Gwen. J’ai moins l’impression d’être [forceur] que plombier. Les rebords du Fémidom ne cessent de glisser vers l’intérieur, et je dois m’arrêter pour les ressortir avec deux doigts.

Gwen dit : « Dennis, non, Dennis arrête, Dennis », d’une voix qui remonte du fond de sa gorge.

Elle se tire les cheveux et halète. Le Femidom reglisse à l’intérieur, et je le laisse faire, point final. Le vibromasseur le dame de plus en plus profond. Elle me dit de jouer avec ses tétons de mon autre main. Je dis : j’ai besoin de mon autre main. Mes noisettes commencent à se resserrer, prêtes à tout lâcher, et je dis : « Oh, ouais. Oui, Oh, ouais ».

Et Gwen dit : « Ne vous avisez surtout pas », et elle se mouille deux doigts. Elle épingle ses deux yeux aux miens et se baratte l’entrejambe de ses doigts mouillés, pour être la première.

Et moi, tout ce que j’ai à faire, c’est de me représenter Paige Marshall, mon arme secrète, et la course est terminée.

La seconde qui précède le grand lâcher, cette sensation du trou du cul qui commence à se verrouiller sur lui-même, c’est à ce moment-là que je me tourne vers le petit carré sur la serviette indiqué par Gwen. Je me sens stupide, comme l’animal bien dressé à déposer ses petits effets sur un morceau de papier, et mes petits soldats blancs se mettent à gicler, et peut-être par accident, ils se méprennent sur la trajectoire à suivre et retombent à la surface de son couvre-lit rose. Le grand paysage de Gwen, tout rose, tout gonflé, tout vaste. Arc après arc, crampe après crampe, ils jaillissent en boulettes brûlantes de toutes tailles, à travers le couvre-lit et les taies d’oreiller et les volants de soie rose.

Qu’est-ce que Jésus n’irait PAS faire ?

Graffitis de foutre.

« Vandalisme » n’est pas vraiment le mot qui convienne, mais c’est le premier qui vient à l’esprit.

Gwen s’est effondrée sur la serviette, haletante, les yeux clos, le vibromasseur bourdonnant à l’intérieur d’elle. Les yeux révulsés dans leurs orbites, elle coule et gicle entre ses propres doigts en murmurant : « Je vous ai battu … »

Elle murmure : « Espèce de salopard, je vous ai battu… »

Je suis en train de me rengoncer dans mon pantalon et j’attrape mon manteau. Les soldats blancs s’accrochent à toute la surface du lit, des rideaux, du papier peint, et Gwen est toujours là, gisante, la respiration haletante, avec son vibromasseur qui ressort à moitié à l’oblique. Une seconde plus tard, il glisse et se libère et tombe par terre comme un poisson mouillé et bien en chair. Elle comment à se redresser sur les coudes lorsqu’elle voit l’étendue des dégâts.

Je suis à moitié sorti par la fenêtre quand je dis : « Oh, à propos… Caniche ».

Et dans mon dos, j’entends son premier hurlement pour de vrai.
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Philip Roth, La bête qui meurt, Paris, Gallimard, 2004 (trad.), p.43-53.
Publié :14/2/2015 12h01
Dernière mise à jour :14/2/2015 23h49
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Ce premier soir, nous étions donc assis sur le canapé, à écouter Dvorak. Et voilà que Consuela a trouvé un livre qui l’intéressait – je ne sais plus lequel, mais je n’oublierai jamais cet instant. Elle s’est mise de trois quarts. Moi, j’étais assis à ta place, au bout du canapé, et elle, elle était assise là. Son buste à pivoté et, le livre toujours posé sur le bras du canapé, elle s’est mise à lire ; comme elle se penchait en avant, j’ai vu ses fesses sous son vêtement, j’en ai vu la forme nette – une invitation fracassante. C’est une grande jeune femme, un peu à l’étroit dans son corps, comme si on lui avait donné la taille en dessous. Non qu’elle soit grasse, mais elle n’est pas non plus du genre anorexique. On voit sa chair de femme, et c’est une bonne chair abondante – voilà pourquoi on la voit. Elle se trouvait donc là, non pas effrontément à plat ventre sur le canapé, mais tout de même, les fesses à demi tournées vers moi. Une femme aussi consciente de son corps que Consuiela dans cette posture, en ai-je conclu, m’invite à entreprendre. Son instinct sexuel n’est pas atrophié, les préceptes cubains ne l’ont pas corrompu. Dans ce cul à demi offert, j’ai lu que rien n’avait perverti la pureté des origines. Rien n’y avait fait, ni ce dont nous avions parlé, ni ce que j’avais dû écouter sur sa famille. Elle savait tut de même tendre son cul, et avec un instinct primordial. Pour le montrer. Ah, la belle offre ! Qui m’indiquait clairement que je n’avais plus besoin de réprimer mon envie de toucher.
J’ai donc commencé à lui caresser les fesses, et ça lui a plu.

« On est dans une drôle de situation, m’a-t-elle dit, je ne pourrai jamais être vraiment votre petite amie. Pour toutes les raisons possibles. Nous ne vivons pas dans le même monde.

- Pas dans le même monde, j’ai repris en riant, mais comment ça ? » C’est l) que tu commences à mentir, évidemment. « N’allez pas vous figurer que j’évolue dans une espèce d’Olympe. Ça n’est même pas un monde, d’ailleurs. Je passe à la télévision une fois par semaine, et une fois par semaine aussi à la radio. Au fil des semaines, il peut m’arriver de publier un article la fin d’un magazine lu par une vingtaine de gens tout au plus. Quant à mon émission, elle passe le dimanche sur une chaine culturelle, personne ne la regarde. Vous parlez d’un monde ! Je ne devrais pas avoir trop de mal à vous y introduire. S’il vous plaît, restez avec moi ».

Elle a eu l’air de réfléchir à ce que je venais de dire, sans que je puisse deviner en quels termes.

« D’accord. D’accord pour ce soir, pour maintenant, mais je ne pourrai jamais être votre femme.

- Entendu », j’ai dit tout en pensant : eh, qui te le demande ? La question se pose ? J’ai soixante-deux ans, elle vingt-quatre, et il suffit que je lui flatte la croupe pour qu’elle annonce qu’elle ne peut pas m’épouser ? Je n’aurais pas cru que ça existait encore, des filles pareilles. Elle est encore plus traditionnaliste que je ne pensais. A moins qu’elle ne soit plus singulière, plus insolite. J’allais le découvrir, Consuela est banale, mais pas prévisible. Elle est à la fois particulière et mystérieuse, elle réserve des tas de petites surprises. Au début surtout, je la trouvais difficile à déchiffrer, ce que je mettais, à tord ou à raison, sur le compte de son ascendance cubaine.

« J’adore mon petit monde cubain si douillet, me dit-elle, j’adore mon cocon familial, et je vois d’avance que ce n’est pas quelque chose que vous pourriez apprécier, dont vous pourriez avoir envie. Je ne pourrais donc jamais vous appartenir ».

Cette délicatesse naïve, qui s’ajoutait à son corps fabuleux, m’aguichait tellement que, même le premier soir, je n’était pas sûr de pouvoir la baiser comme l’espiègle Miranda. Non, Consuela n’était pas la chevrette cachée dans l’horloge. Peu importait ce qu’elle disait. Elle était si attirante que je n’aurais pas pu lui résister, je ne voyais même pas comment quiconque aurait pu lui résister ; et c’est en cet instant où je lui caressais les fesses, et où elle m’expliquait qu’elle ne pourrait jamais être ma femme, qu’est née ma terrible jalousie.

La jalousie. L’incertitude. La peur de la perdre, même quand j’étais sur elle. Des obsessions qu’au fil de mes expériences variées je n’avais jamais connues. Avec Consuela, fait sans précédent, mon assurance s’est trouvée siphonnée d’entrée de jeu.

Nous avons donc couché ensemble. Ça s’est passé très vite, pas tant à cause de l’ivresse qu’elle m’inspirait qu’en raison de son manque de complexité. A moins qu’on n’appelle ça de la clarté. Ou une maturité de fraîche date, je dirais une maturité toute simple : elle était en phase avec son corps comme elle aurait voulu m’être avec l’art, sans y parvenir. Elle s’est déshabillée, et sous son chemisier en soie, elle portait un soutien-gorge en soie – une lingerie quasi-pornographique. Une surprise. Tu comprends qu’elle l’a choisie pour plaire. Tu comprends qu’elle l’a choisie en pensant au regard de l’homme, même si aucun homme ne doit jamais la voir. Tu comprends que tu ne sais absolument pas qui elle est, si elle est intelligente ou idiote, superficielle ou profonde, innocente ou rouée, maligne, avisée, perverse. Avec une femme aussi elliptique, qi dégage une telle puissance sexuelle, on n’a pas idée, on aura jamais idée. Le mystère touffu de sa personnalité est épaissi par sa beauté. Pour autant, j’ai été très ému à la vue de ses dessous. Emu à la vue de ce corps. « Que tu es belle ! » lui ai-je dit.

Il y a deux choses que l’on remarque dans le corps de Consuela. D’abord, les seins. Les plus somptueux que j’aie jamais vus – je me permets de rappeler que, né en1930, j’en ai tout de même vu quelques-uns, depuis le temps. Ils sont ronds, pleins, parfaits. Avec des tétons en soucoupe. Pas des tétons-pis de vache, mais des tétons larges et pâles, d’un rose tirant sur l’ocre si émouvants. La deuxième chose, c’est que sa toison pubienne n’est pas bouclée, comme chez les autres femmes. On dirait du poil asiatique. Une toison peu fournie, lisse, qui ne gonfle pas. Ça a son importance, parce qu’on va en reparler.

Oui, j’ai ouvert les draps et elle est entrée dans mon lit, Consuela, la canonique femelle fertile de notre espèce mammifère. Et dès cette première fois, malgré ses vingt-quatre ans, elle ne s’est pas fait prier pour venir sur moi. Elle ne s’est pas trouvée très sûre d’elle une fois en place, et il a fallu que je lui tapote le bras pour attirer son attention et la ralentir, parce qu’elle était perdue, les yeux fermés, dans le tangage vigoureux de ses hanches, isolée comme l’ qui joue. Ça n’était pas sans rapport avec la façon dont elle avait fait semblant de diriger l’orchestre. Elle essayait sans doute de s’abandonner complètement, seulement elle était trop jeune pour ça, malgré tous ses efforts, le résultat ne suivait pas. Mais comme elle savait combien ses seins m’affolaient, et qu’elle voulait que je les voie dans leur splendeur, elle était venue sur moi à ma demande. Elle a même fait quelque chose de passablement pornographique, pour une première fois – et, nouvelle surprise, de sa propre initiative – elle a caressé ma bite entre ses seins. Elle s’est penchée par glisser entre eux, pour que je la voie nichée là, entre ses seins qu’elle rapprochait des deux mains. Elle savait à quel point cette vue m’excitait, la peau de l’une contre la peau des autres. Je me rappelle avoir dit : « Tu te rends compte que tu as les plus beaux seins que j’aie jamais vus ? ».

Et en secrétaire particulière efficace et attentive à tout, qui prend note, ou peut-être en jeune cubaine bien élevée, elle m’a répondu : « Oui, je sais, j’ai bien vu quel effet ils te font ».

Mais au début surtout, sa façon de faire l’amour péchait par excès d’enthousiasme. Elle essayait trop d’impressionner son professeur. Ne va pas si vite, reste avec moi, je lui ai dit. Moins d’énergie, plus de complicité. Un phénomène pareil, ça se maîtrise dans la nuance. C’est très bien, le naturel primaire, mais pas comme ça, à distance. La première fois qu’elle m’a sucé, elle m’enfonçait dans sa bouche avec une régularité de mitrailleuse – impossible de ne pas finir plus tôt que j’aurais voulu, et dès l’instant où j’ai commencé à jouir, elle s’est arrêtée et elle a reçu ma giclée comme un caniveau. Autant jouir dans une corbeille à papiers. Personne ne lui avait jamais dit que ça n’était pas le moment de se reposer. Aucun de ses cinq petits amis précédents n’avait osé le lui dire. Ils étaient trop jeunes. Ils étaient de son âge. Trop contents de ce qu’elle leur donnait.

Et puis il s’est passé quelque chose. La morsure. La morsure en réaction. Les crocs de la vie. Un soir, Consuela a passé les frontières de son efficacité habituelle, rassurante et policée, elle a dépassé les figures, imposées, pénétré dans l’inconnu, l’aventure, et du même coup, pour moi, cette liaison est entrée dans la zone de turbulences. Voici comment cela s’est passé. Un soir, elle était étendue sous moi, passive, soumise, elle attendait que je lui écarte les jambes pour me glisser en elle, et moi, je lui ai fourré deux oreillers sous la nuque pour la caler au bon angle contre la tête de lit. Et bien campé sur les genoux de part et d’autre d’elle, le cul centré au-dessus d’elle, je me suis penché vers son visage, et, en rythme, sans désemparer, je l’ai baisée dans la bouche. J’en avais tellement assez, vois-tu, de ses pipes mécaniques, que pour la choquer, je l’ai clouée là, je l’ai immobilisée en la tenant par les cheveux, que j’avais enroulés, autour de mon poing comme un fouet, une lanière, les rênes fixées au mors.

Or les femmes n’aiment pas qu’on leur tire les cheveux. Il y en a quelques-unes que le geste excite, mais elles n’aiment pas ça pour autant. Et elles n’aiment pas ça parce qu’elle ne peuvent plus ignorer que l’acte qui a cours, qui doit suivre son cours, est un acte de domination, que leur fait penser : voilà comment je me représentais le sexe. C’est brutal en fin de compte. Ce type n’est pas une brute, mais il a de la brute en lui. Après que j’ai joui, et que je me suis retiré, j’ai vu dans ses yeux une expression non pas seulement horrifiée, mais féroce. Eh oui, il lui arrivait enfin quelque chose. Fini le confort. Finies les gammes. Elle n’y pouvait rien, tout bougeait en elle. J’étais encore au dessus d’elle, je dégoulinais sur elle, nous nous regardions dans les yeux avec froideur, quand, après avoir fait un effort pour déglutir, elle a claqué des mâchoires. Brusquement. Méchamment. A mon attention. Ce n’était pas de la mise en scène. C’était instinctif. Elle a claqué des dents en mobilisant toute sa force masticatoire des muscles pour faire saillir violement sa mâchoire inférieure. On aurait dit qu’elle me lançait : voilà ce que j’aurais pu te faire, et j’avais bien envie de te le faire, mais je ne l’ai pas fait.
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Introduction à Lady Chaterley, de David H. Lawrence.
Publié :11/2/2015 8h54
Dernière mise à jour :13/12/2019 7h29
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David H. Lawrence, L’Amant de lady Chatterley, Paris, Gallimard, 2011 (pour l’édition, 1932 pour la traduction).

Nous connaissons tous David H. Lawrence sous le surnnom de "Lawrence d'Arabie". Mais au-delà du héros de guerre malheureux (il n'accepta jamais totalement le destin que les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale décidèrent pour le Moyen-Orient), il est un écrivain talentueux et engagé. Talentueux, en transportant son lecteur à travers les paysages, aussi bien dans le désert arabe que dans cette campagne anglaise industrieuse. Engagé, parce que résolument féministe, à une époque où des forces conservatrices tentent de sauver vainement un monde alors révolu... L'extrait que je propose pour ouvrir ce blog est l'introduction de Lawrence à son célèbre et scandaleux roman (pour l'époque) Lady Chaterley. Outre que je vous enjoins à vous ruer sur cette magnifique histoire, son introduction répond aux réactions hostiles subies lors de sa publication. Je trouve ce texte très actuel, non que nous soyons, comme nos prédécesseurs, pris dans une gangue rejetant le plaisir physique, mais que notre époque hyper-sexualisée tend à rendre impératif la performance dans le sexe, plutôt que de profiter vraiment de l'instant. Vous ne serez pas tous d'accord avec moi, et je me ferai un plaisir à lire vos opinions, même contraires. Bonne lecture.

Malgré tout ce qu’on pourra dire, je déclare que ce romain est un livre honnête, sain, et nécessaire aux hommes d’aujourd’hui. Les mots qui d’abord semblent scandaleux, ne scandalisent plus du tout au bout d’un moment. Est-ce parce que notre intelligence est dépravée par l’habitude ? Nullement. C’est simplement que les mots scandalisaient notre œil ; mais ils n’ont jamais scandalisé notre esprit. Que les gens sans esprit continuent de se scandaliser : ils ne comptent pas. Les gens d’esprit s’aperçoivent qu’ils ne sont pas scandalisés, qu’au fond ils ne l’avaient jamais été… et ils éprouvent une sensation de soulagement.

Et tout est là. En tant qu’êtres humains, nous sommes aujourd’hui, évolués et cultivés bien au-delà des tabous qui sont inhérents à notre culture. L st très important de reconnaître ce fait.

Pour les hommes des Croisades, les mots avaient sans doute une puissance d’évocation dont nous ne pouvons nous faire aucune idée. La puissance évocatrice des mots prétendus obscènes dut être très dangereuse pour les natures simples, obscures, violentes du Moyen Âge : elle est peut-être encore trop forte, aujourd’hui, pour les natures basses, incomplètes, ou mal évoluées. Mais une vraie culture nous permet de ne donner à un mot que les réactions mentales et imaginatives, qui appartiennent à l’intelligence, et nous épargne ces réactions physiques, violentes et irraisonnées, si menaçantes pour la décence sociale. Autrefois, l’homme avait l’esprit trop faible ou trop cru pour considérer son corps et ses fonctions corporelles sans s’embarrasser de mille réactions physiques dont il n’était pas maître. Il n’en est plus ainsi. La culture et la civilisation nous ont enseigné à séparer le mot du fait, la pense de l’acte ou des réactions physiques. Nous savons, aujourd’hui, que l’acte ne suit pas nécessairement la pensée. En réalité, pensée et action, mot et fait, sont deux formes séparées de la conscience, deux vies que nous menons séparément. Nous avons, très sincèrement, besoin de continuité. Mais, quand nous pensons, nous n’agissons pas, et, quand nous agissons, nous ne pensons pas. La grande nécessité, c’est d’agir selon ses pensées, et de penser selon ses actes. Mais, tant que nous sommes en pensée, nous ne pouvons pas vraiment agir et, tant que nous sommes en action, nous ne pouvons pas vraiment penser. Ces deux conditions, celle de la pensée et celle de l’action, s’excluent mutuellement. Pourtant, il faut qu’elles coexistent en harmonie.

Et c’est là la vraie signification de ce livre. Je veux qu’hommes et femmes puissent penser les choses sexuelles pleinement, complètement, honnêtement et proprement. Même si nous ne pouvons pas agir sexuellement à notre pleine satisfaction, sachons, au moins, penser sexuellement avec plénitude et clarté. Toutes ces histoires de virginalement blanches, comme une page où rien n’est écrit, ne sont que sottises. Une jeune et un jeune garçon sont un lacis tourmenté, une bouillante confusion de sentiments sexuels et de pensées sexuelles que le temps seul pourra débrouiller. De longues années passées penser honnêtement les choses sexuelles, de longues années passées à les vivre par un combat, nous mèneront enfin où nous nous voulons atteindre, à cette chasteté véritable et accomplie, à cette plénitude, qui n’est possible que si notre action sexuelle et notre pensée sexuelle sont en harmonie et si l’une ne met pas obstacle à l’autre.

Loin de moi la pensée que toutes les femmes devraient courir après leurs gardes-chasse et les prendre pour amants ! Loin de moi la pensée qu’elles devraient courir après qui que ce soit ! Beaucoup d’hommes et de femmes, de nos jours, ont tout à s’abstenir, à demeurer sexuellement seuls, tout à fait purs ; et en même temps, à connaître et à comprendre plus complètement la sexualité. Notre époque est plus propre à la compréhension qu’à l’action. Il y a eu tant d’action dans le passé ! Il y a eu surtout tant d’action sexuelle, un si fatigante répétition des mêmes choses, sans pensée correspondante, sans compréhension. Notre tâche, maintenant, est de comprendre la sexualité. De nos jours, cette compréhension, consciente et entière, est plus importante que l’action elle-même. Après des siècles de ténèbres, l’esprit demande à savoir, et à savoir pleinement. Le corps est, au fond, assez à l’arrière-plan.

De nos jours, quand les hommes agissent sexuellement, la moitié du temps ils jouent un rôle. Ils agissent conformément à ce qu’ils croient qu’on attend d’eux. Au contraire, c’est, en réalité, l’esprit qui travaille ; et le corps a besoin d’être provoqué. La raison en est que nos ancêtres ont si assidûment agi sexuellement, sans jamais y penser et y rien comprendre que, maintenant, l’acte tend à devenir mécanisme ennuyeux, décevant et qu’une fraiche compréhension mentale peut, seule, rafraîchir l’aventure.

En matière sexuelle, l’esprit est en retard ; à vrai dire, il l’est en tout ce qui concerne les actes physiques. Nos pensées sexuelles traînent et rampent dans une obscurité, une peur secrètes qui nous viennent de nos rudes ancêtres, encore à demi bestiaux. Dans ce domaine seul, le domaine sexuel et physique, notre esprit n’a pas évolué. Maintenant il nous faut rattraper le temps perdu et mettre en harmonie la conscience de l’acte avec l’acte lui-même, et les faire vivre en bonne intelligence. Cela ne saurait aller sans un respect convenable pour la sexualité, sans une crainte convenable pour l’étrange expérience du corps ; cela ne saurait parce que ces mots font naturellement partie de la conscience que l’esprit a du corps. L’obscénité n’apparaît que si l’esprit méprise et craint le corps, si le corps hait l’esprit et lui résiste.

Le cas du colonel Barker nous éclaire sur l’étendue du mal. Le colonel Barker était une femme qui se faisait passer pour un homme. Le "colonel" s’était marié et avait vécu avec sa femme dans une parfaite "entente conjugale". Et la pauvre femme avait toujours cru qu’elle était mariée normalement à un vrai homme. La cruauté de sa situation, quand elle fut enfin détrompée, défie tout commentaire. Une telle situation est monstrueuse. Et pourtant, il y a, de nos jours, des milliers de femmes prêtes à se laisser tromper de la sorte et à persister dans leur erreur. Pourquoi ? Parce qu’elles ne savent rien, qu’elles sont incapables de penser sexuellement. Elles sont, en cela, de pauvres sottes. Il vaut mieux donner ce livre à toutes les de dix-sept ans.

Il en est de même du respectable maître d’école, du vénérable pasteur qui, après des années de sainteté et de vertu, passent en correctionnelle à soixante-cinq ans, pour outrages à de petites filles. Ceci arrive au moment où le ministre de l’Intérieur, devenant vieux lui-même, demande à grands cris et impose un silence pudique sur toutes les matières sexuelles. Comment fait-il que l’aventure de cet autre vieux monsieur, éminemment respectable et "pur", ne lui donne pas à réfléchir ?

Mais les choses en sont à. L’esprit garde, au fond de lui, une antique peur du corps et de la puissance du corps. Et c’est l’esprit qu’il importe de libérer, de civiliser
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